COMPTE RENDU
Sujet : Les réseaux sociaux :
vecteur des " Fake News "?
Réalisé par :
Hanane Chakfi
Introduction :
" Fake news "
: encore inconnu il y a quelques années seulement, le terme a envahi l’espace
médiatique, politique et social ses dernières années, à la faveur notamment des
dernières élections américaines, qui a vu opposants et supporters de Donald
Trump s’accuser mutuellement de rumeurs ou de contre-vérités, sur fond de
soupçons d’ingérence russe, et favorisées par l’usage croissant des réseaux
sociaux . A l’heure du débat sur les fake news, il est facile de dénigrer les
médias sociaux. Et en même temps, les médias classiques font l’objet d’une
défiance sans précédent. Faut-il en déduire que l’accès à l’information est
devenu impossible ? Tout cela semble paradoxal dans un monde devenu
connecté en continu. Une forme de doxa semble
désormais s’imposer concernant le lien entre les réseaux sociaux et
l’information. Les réseaux sociaux favoriseraient la formation de
communautés, consultant et partageant des contenus qui ne feraient que les
conforter dans leurs propres visions du monde.
Problématique : les réseaux sociaux sont ils alors le
paradis des fake news ou bien un vecteur d innovation ?
1.
L’essor
d’un bien de consommation mondiale : le multi-média
1) Les
médias : un enjeu économique
Une
telle transformation ne pourrait s’incarner et développer ses effets sans le
concours d’outils techniques, de vecteurs, toujours plus nombreux, divers,
séduisants et performants. L’emploi de ce terme « médias » tend à
devenir obsolète en raison de l’extrême hétérogénéité technique et géographique
de ce qu’il recouvre. Presse écrite, radio, télévision, cassette audio,
cassette-vidéo, photos numériques, caméra embarquée, fichier MP3, Internet
produisent chacun des effets propres et font l’objet d’utilisations très
différentes selon les pays, les cultures, les classes sociales et les buts
poursuivis par les organisations politico-idéologiques.
2) Les médias :
un enjeu géopolitique
Ce double phénomène est créateur d’un homme différent non
pas au sens génétique du terme mais au niveau sensoriel de son appareil
perceptif. Quelles en sont exactement les composantes ? Et les incidences
prévisibles dans chacun des moments de l’existence des individus et des
sociétés, notamment en ce qui touche à l’affrontement, au rapport entre la paix
et la guerre ? Un individu mieux informé, plus confiant en soi, serait-il
moins agressif ? Ou bien largement désinformé, plus facilement
manipulable, devient-il potentiellement plus incertain, imprévisible et
dangereux ? Le développement à grande vitesse des plates-formes et des
vecteurs de communication loin d’apporter des réponses satisfaisantes relance
le questionnement en créant des problèmes supplémentaires.
2. DE LA LIBERTÉ À LA DÉSINFORMATION : LA NOUVELLE IMAGE DES RÉSEAUX SOCIAUX
1 ) L’ essort du phénomène :
Loin de servir la liberté et la démocratie, les réseaux sociaux sont de plus en plus accusés d’alimenter la désinformation. Ils sont même devenus des outils de contrôle social dans de nombreux pays.
Quant à la désinformation, elle s’entend comme
l’élaboration et la communication délibérées d’une fausse information
soigneusement travestie afin de présenter les apparences de l’authenticité.
Elle vise à égarer le jugement du récepteur-cible, à l’inciter à prendre des
décisions inappropriées et à l’engager dans des actions contraires à son
intérêt. La désinformation, ainsi entendue, a existé de tous temps. Mais elle
joue un rôle de plus en plus important à la mesure du développement de
l’information et de la multiplication des vecteurs de communication. Le
phénomène des informations falsifiées (fake news) a rapidement pris une
ampleur considérable en investissant les réseaux sociaux. Il correspond à la
dissémination d’une information fausse par les canaux médiatiques (presse,
radio, web). Il peut s’agir d’une entreprise délibérée (désinformation) mais
aussi d’une honnête erreur ou d’une négligence (mésinformation).
L’essor du phénomène s’explique par la multiplication
en très peu de temps des réseaux sociaux (Linkedin, Facebook, You Tube, Twitter
et Instagram ont vu le jour entre 2003 et 2010), et la puissance des moteurs de
recherche (Google). En intensifiant la circulation de l’information, ils ont
favorisé la diffusion de la propagande et de la désinformation. Ils présentent
quatre propriétés majeures d’un grand intérêt pour le désinformateur :
.
L’invasion des réseaux sociaux par les informations
falsifiées, aggravée par l’appropriation illégale des données de la vie privée
prend la forme de véritables campagnes visant à tromper l’opinion et à fausser
le fonctionnement normal des élections. Certains Etats utilisent ces vecteurs à
des fins d’ingérence dans la vie politique . Le Kremlin a nié plusieurs fois ces
accusations. Selon la presse, Google est aussi en train d'examiner si ses
services ont pu être utilisés par des intérêts russes pour interférer dans la
campagne.
2 ) Printemps Arabes , brexit .. :
Ø En 2016, le referendum britannique sur le Brexit et les
élections présidentielles américaines ont été gravement polluées par
l’injection de rumeurs mensongères et de calomnies distillées par des officines
masquées pour fausser l’esprit des électeurs.
3. Comment les États luttent-ils contre la désinformation sur les réseaux sociaux ?
1. Les “fermes à trolls”, un exemple de stratégie d'influence numérique :
Lors des élections
présidentielles américaines de 2016 (Comment des « trolls » russes ont réussi à
peser sur l'élection présidentielle américaine, Le Monde,
17/12/2017), des “fermes à trolls” seraient intervenues afin de désinformer et
diviser les citoyens, participant à l'inversement du rapport de force au profit
de Donald Trump. Le terme “troll” est apparu dans les années 1990 sur
l'internet et définit un internaute qui empoisonne les débats avec des
remarques inappropriées, tendancieuses ou provocantes afin d'alimenter des
polémiques.
En attendant les résultats de
l'enquête officielle à paraître en 2019, deux rapports produits par le site
d'information américain Axios mettent en exergue l'existence d'une propagande
venue de Russie visant à influencer les débats politiques, par le biais de
fermes à trolls russes se faisant passer pour des citoyens américains.
La principale ferme à trolls a
été repérée par l'IRA (Internet Research Agency). Ses agents auraient créé
plusieurs sites diffusant de fausses informations ciblant des communautés
spécifiques, et notamment la communauté afro-américaine avec les sites
“Black4black”, “Blacktivist.info”, etc. (tous déréférencés de Google)(How
Russian Bots Invade Our Elections, The New York Times,
Les réseaux sociaux
auront servi à toucher facilement leurs cibles (notamment via le hashtag “DoNotShoot”)
et apporter une grande visibilité à ces sites. Cela aurait contribué à
détourner certains électeurs de la communauté afro-américaine, très
majoritairement démocrate, de voter pour Hillary Clinton. D'autres communautés
ont également été visées telles que la communauté LGBT..
Suite à ce scandale,
Facebook a pris des mesures pour contrer ce genre de pratique. En effet,
l'entreprise a employé plus de dix mille personnes au sein de son département
sécurité. Elle procède désormais à une vérification des publicités et s'est
engagée à retirer les éventuelles “fake news” publiées. Reste à savoir si ces
mesures seront véritablement efficaces.
2. La lutte contre la désinformation abordée singulièrement par chaque pays :
D'autres pays ont connu des
troubles durant leurs élections comme au Mexique où la campagne présidentielle
de juillet 2018 a été entachée par une campagne de diffamation et de fausses
informations sur les réseaux sociaux à l'encontre d'Andrés Manuel Lopez
Obrador, candidat favori des sondages. Cette affaire n'a toutefois pas empêché
son élection (Mexique : les réseaux sociaux, nouveau champ de bataille
électoral, RFI,11/06/2018).
La Chine, poursuivant une
stratégie géopolitique agressive, a été accusée d'avoir influé sur les
élections taïwanaises locales de 2018 par le biais, entre autres, des réseaux
sociaux. La résultante est l'élection de plusieurs candidats pro-chinois,
notamment dans la deuxième plus grande ville du pays.
3. Comment le gouvernement français a-t-il réagi face à ce danger omniprésent et diffus ?
La transparence
des plateformes, en particulier en période électorale : trois mois avant le mois de l'élection, les opérateurs
de plateforme en ligne, telles que YouTube, Twitter ou Facebook, devront
fournir une “information loyale, claire et transparente” sur l'identité des
personnes qui rémunèrent la plateforme en contrepartie de la promotion de
contenus se rattachant à un débat d'intérêt général ainsi que de leurs
commanditaires.
− L'extension du pouvoir du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), en particulier en période électorale : le CSA pourra refuser de signer une convention avec une chaîne de télévision étrangère s'il la soupçonne de manipulation par la diffusion d'informations mensongères. En cas d'accord conclu, et en période électorale, le CSA pourra ordonner une mesure exceptionnelle de “suspension” de la diffusion du programme de ladite chaîne. Il sera également envisageable de résilier le contrat unilatéralement de la part du CSA.
− L'extension du pouvoir du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), en particulier en période électorale : le CSA pourra refuser de signer une convention avec une chaîne de télévision étrangère s'il la soupçonne de manipulation par la diffusion d'informations mensongères. En cas d'accord conclu, et en période électorale, le CSA pourra ordonner une mesure exceptionnelle de “suspension” de la diffusion du programme de ladite chaîne. Il sera également envisageable de résilier le contrat unilatéralement de la part du CSA.
Conclusion :
Les « fake news » ont dominé
l’univers médiatique depuis l’entrée en poste du président Donald Trump aux
États-Unis et ce dangereux phénomène risque maintenant de s’étendre dans le
monde entier. Puissant instrument de désinformation, les fake news risquent
de devenir une véritable épidémie, un peu à l’image du mouvement de propagande
anti-vaccination qui a remis en question le consensus scientifique sur les
vaccins.
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