mardi 30 juillet 2019

Colle de recherche : Les réseaux sociaux : vecteur des " Fake News "?


COMPTE RENDU
Sujet : Les réseaux sociaux : vecteur des " Fake News "?
Réalisé par : Hanane Chakfi


Introduction :             

"  Fake news  "   : encore inconnu il y a quelques années seulement, le terme a envahi l’espace médiatique, politique et social ses dernières années, à la faveur notamment des dernières élections américaines, qui a vu opposants et supporters de Donald Trump s’accuser mutuellement de rumeurs ou de contre-vérités, sur fond de soupçons d’ingérence russe, et favorisées par l’usage croissant des réseaux sociaux . A l’heure du débat sur les fake news, il est facile de dénigrer les médias sociaux. Et en même temps, les médias classiques font l’objet d’une défiance sans précédent. Faut-il en déduire que l’accès à l’information est devenu impossible ? Tout cela semble paradoxal dans un monde devenu connecté en continu. Une forme de doxa semble désormais s’imposer concernant le lien entre les réseaux sociaux et l’information. Les réseaux sociaux favoriseraient la formation de communautés, consultant et partageant des contenus qui ne feraient que les conforter dans leurs propres visions du monde.
Problématique : les réseaux sociaux sont ils alors le paradis des fake news ou bien un vecteur d innovation ?
1.   L’essor d’un bien de consommation mondiale : le multi-média 
1)     Les médias : un enjeu économique
Une telle transformation ne pourrait s’incarner et développer ses effets sans le concours d’outils techniques, de vecteurs, toujours plus nombreux, divers, séduisants et performants. L’emploi de ce terme « médias » tend à devenir obsolète en raison de l’extrême hétérogénéité technique et géographique de ce qu’il recouvre. Presse écrite, radio, télévision, cassette audio, cassette-vidéo, photos numériques, caméra embarquée, fichier MP3, Internet produisent chacun des effets propres et font l’objet d’utilisations très différentes selon les pays, les cultures, les classes sociales et les buts poursuivis par les organisations politico-idéologiques. 
2)     Les médias : un enjeu géopolitique
Ce double phénomène est créateur d’un homme différent non pas au sens génétique du terme mais au niveau sensoriel de son appareil perceptif. Quelles en sont exactement les composantes ? Et les incidences prévisibles dans chacun des moments de l’existence des individus et des sociétés, notamment en ce qui touche à l’affrontement, au rapport entre la paix et la guerre ? Un individu mieux informé, plus confiant en soi, serait-il moins agressif ? Ou bien largement désinformé, plus facilement manipulable, devient-il potentiellement plus incertain, imprévisible et dangereux ? Le développement à grande vitesse des plates-formes et des vecteurs de communication loin d’apporter des réponses satisfaisantes relance le questionnement en créant des problèmes supplémentaires.

2.   DE LA LIBERTÉ À LA DÉSINFORMATION : LA NOUVELLE IMAGE DES RÉSEAUX SOCIAUX

1 ) L’ essort du phénomène :

Loin de servir la liberté et la démocratie, les réseaux sociaux sont de plus en plus accusés d’alimenter la désinformation. Ils sont même devenus des outils de contrôle social dans de nombreux pays.

Quant à la désinformation, elle s’entend comme l’élaboration et la communication délibérées d’une fausse information soigneusement travestie afin de présenter les apparences de l’authenticité. Elle vise à égarer le jugement du récepteur-cible, à l’inciter à prendre des décisions inappropriées et à l’engager dans des actions contraires à son intérêt. La désinformation, ainsi entendue, a existé de tous temps. Mais elle joue un rôle de plus en plus important à la mesure du développement de l’information et de la multiplication des vecteurs de communication. Le phénomène des informations falsifiées (fake news) a rapidement pris une ampleur considérable en investissant les réseaux sociaux. Il correspond à la dissémination d’une information fausse par les canaux médiatiques (presse, radio, web). Il peut s’agir d’une entreprise délibérée (désinformation) mais aussi d’une honnête erreur ou d’une négligence (mésinformation).
L’essor du phénomène s’explique par la multiplication en très peu de temps des réseaux sociaux (Linkedin, Facebook, You Tube, Twitter et Instagram ont vu le jour entre 2003 et 2010), et la puissance des moteurs de recherche (Google). En intensifiant la circulation de l’information, ils ont favorisé la diffusion de la propagande et de la désinformation. Ils présentent quatre propriétés majeures d’un grand intérêt pour le désinformateur :
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L’invasion des réseaux sociaux par les informations falsifiées, aggravée par l’appropriation illégale des données de la vie privée prend la forme de véritables campagnes visant à tromper l’opinion et à fausser le fonctionnement normal des élections. Certains Etats utilisent ces vecteurs à des fins d’ingérence dans la vie politique . Le Kremlin a nié plusieurs fois ces accusations. Selon la presse, Google est aussi en train d'examiner si ses services ont pu être utilisés par des intérêts russes pour interférer dans la campagne.
        2 ) Printemps Arabes , brexit .. :
Ø  En 2016, le referendum britannique sur le Brexit et les élections présidentielles américaines ont été gravement polluées par l’injection de rumeurs mensongères et de calomnies distillées par des officines masquées pour fausser l’esprit des électeurs.


3.   Comment les États luttent-ils contre la désinformation sur les réseaux sociaux ?

1.     Les “fermes à trolls”, un exemple de stratégie d'influence numérique :

Lors des élections présidentielles américaines de 2016 (Comment des « trolls » russes ont réussi à peser sur l'élection présidentielle américaine, Le Monde, 17/12/2017), des “fermes à trolls” seraient intervenues afin de désinformer et diviser les citoyens, participant à l'inversement du rapport de force au profit de Donald Trump. Le terme “troll” est apparu dans les années 1990 sur l'internet et définit un internaute qui empoisonne les débats avec des remarques inappropriées, tendancieuses ou provocantes afin d'alimenter des polémiques.
En attendant les résultats de l'enquête officielle à paraître en 2019, deux rapports produits par le site d'information américain Axios mettent en exergue l'existence d'une propagande venue de Russie visant à influencer les débats politiques, par le biais de fermes à trolls russes se faisant passer pour des citoyens américains.
La principale ferme à trolls a été repérée par l'IRA (Internet Research Agency). Ses agents auraient créé plusieurs sites diffusant de fausses informations ciblant des communautés spécifiques, et notamment la communauté afro-américaine avec les sites “Black4black”, “Blacktivist.info”, etc. (tous déréférencés de Google)(How Russian Bots Invade Our Elections, The New York Times, 
Les réseaux sociaux auront servi à toucher facilement leurs cibles (notamment via le hashtag “DoNotShoot”) et apporter une grande visibilité à ces sites. Cela aurait contribué à détourner certains électeurs de la communauté afro-américaine, très majoritairement démocrate, de voter pour Hillary Clinton. D'autres communautés ont également été visées telles que la communauté LGBT..
Suite à ce scandale, Facebook a pris des mesures pour contrer ce genre de pratique. En effet, l'entreprise a employé plus de dix mille personnes au sein de son département sécurité. Elle procède désormais à une vérification des publicités et s'est engagée à retirer les éventuelles “fake news” publiées. Reste à savoir si ces mesures seront véritablement efficaces.

2.     La lutte contre la désinformation abordée singulièrement par chaque pays :

D'autres pays ont connu des troubles durant leurs élections comme au Mexique où la campagne présidentielle de juillet 2018 a été entachée par une campagne de diffamation et de fausses informations sur les réseaux sociaux à l'encontre d'Andrés Manuel Lopez Obrador, candidat favori des sondages. Cette affaire n'a toutefois pas empêché son élection (Mexique : les réseaux sociaux, nouveau champ de bataille électoral, RFI,11/06/2018).
La Chine, poursuivant une stratégie géopolitique agressive, a été accusée d'avoir influé sur les élections taïwanaises locales de 2018 par le biais, entre autres, des réseaux sociaux. La résultante est l'élection de plusieurs candidats pro-chinois, notamment dans la deuxième plus grande ville du pays.

3.     Comment le gouvernement français a-t-il réagi face à ce danger omniprésent et diffus ?

La transparence des plateformes, en particulier en période électorale : trois mois avant le mois de l'élection, les opérateurs de plateforme en ligne, telles que YouTube, Twitter ou Facebook, devront fournir une “information loyale, claire et transparente” sur l'identité des personnes qui rémunèrent la plateforme en contrepartie de la promotion de contenus se rattachant à un débat d'intérêt général ainsi que de leurs commanditaires.
− L'extension du pouvoir du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), en particulier en période électorale : le CSA pourra refuser de signer une convention avec une chaîne de télévision étrangère s'il la soupçonne de manipulation par la diffusion d'informations mensongères. En cas d'accord conclu, et en période électorale, le CSA pourra ordonner une mesure exceptionnelle de “suspension” de la diffusion du programme de ladite chaîne. Il sera également envisageable de résilier le contrat unilatéralement de la part du CSA.
Conclusion :
Les « fake news » ont dominé l’univers médiatique depuis l’entrée en poste du président Donald Trump aux États-Unis et ce dangereux phénomène risque maintenant de s’étendre dans le monde entier. Puissant instrument de désinformation, les fake news risquent de devenir une véritable épidémie, un peu à l’image du mouvement de propagande anti-vaccination qui a remis en question le consensus scientifique sur les vaccins.

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