mardi 30 juillet 2019

Colle de recherche : Les réseaux sociaux : vecteur des " Fake News "?


COMPTE RENDU
Sujet : Les réseaux sociaux : vecteur des " Fake News "?
Réalisé par : Hanane Chakfi


Introduction :             

"  Fake news  "   : encore inconnu il y a quelques années seulement, le terme a envahi l’espace médiatique, politique et social ses dernières années, à la faveur notamment des dernières élections américaines, qui a vu opposants et supporters de Donald Trump s’accuser mutuellement de rumeurs ou de contre-vérités, sur fond de soupçons d’ingérence russe, et favorisées par l’usage croissant des réseaux sociaux . A l’heure du débat sur les fake news, il est facile de dénigrer les médias sociaux. Et en même temps, les médias classiques font l’objet d’une défiance sans précédent. Faut-il en déduire que l’accès à l’information est devenu impossible ? Tout cela semble paradoxal dans un monde devenu connecté en continu. Une forme de doxa semble désormais s’imposer concernant le lien entre les réseaux sociaux et l’information. Les réseaux sociaux favoriseraient la formation de communautés, consultant et partageant des contenus qui ne feraient que les conforter dans leurs propres visions du monde.
Problématique : les réseaux sociaux sont ils alors le paradis des fake news ou bien un vecteur d innovation ?
1.   L’essor d’un bien de consommation mondiale : le multi-média 
1)     Les médias : un enjeu économique
Une telle transformation ne pourrait s’incarner et développer ses effets sans le concours d’outils techniques, de vecteurs, toujours plus nombreux, divers, séduisants et performants. L’emploi de ce terme « médias » tend à devenir obsolète en raison de l’extrême hétérogénéité technique et géographique de ce qu’il recouvre. Presse écrite, radio, télévision, cassette audio, cassette-vidéo, photos numériques, caméra embarquée, fichier MP3, Internet produisent chacun des effets propres et font l’objet d’utilisations très différentes selon les pays, les cultures, les classes sociales et les buts poursuivis par les organisations politico-idéologiques. 
2)     Les médias : un enjeu géopolitique
Ce double phénomène est créateur d’un homme différent non pas au sens génétique du terme mais au niveau sensoriel de son appareil perceptif. Quelles en sont exactement les composantes ? Et les incidences prévisibles dans chacun des moments de l’existence des individus et des sociétés, notamment en ce qui touche à l’affrontement, au rapport entre la paix et la guerre ? Un individu mieux informé, plus confiant en soi, serait-il moins agressif ? Ou bien largement désinformé, plus facilement manipulable, devient-il potentiellement plus incertain, imprévisible et dangereux ? Le développement à grande vitesse des plates-formes et des vecteurs de communication loin d’apporter des réponses satisfaisantes relance le questionnement en créant des problèmes supplémentaires.

2.   DE LA LIBERTÉ À LA DÉSINFORMATION : LA NOUVELLE IMAGE DES RÉSEAUX SOCIAUX

1 ) L’ essort du phénomène :

Loin de servir la liberté et la démocratie, les réseaux sociaux sont de plus en plus accusés d’alimenter la désinformation. Ils sont même devenus des outils de contrôle social dans de nombreux pays.

Quant à la désinformation, elle s’entend comme l’élaboration et la communication délibérées d’une fausse information soigneusement travestie afin de présenter les apparences de l’authenticité. Elle vise à égarer le jugement du récepteur-cible, à l’inciter à prendre des décisions inappropriées et à l’engager dans des actions contraires à son intérêt. La désinformation, ainsi entendue, a existé de tous temps. Mais elle joue un rôle de plus en plus important à la mesure du développement de l’information et de la multiplication des vecteurs de communication. Le phénomène des informations falsifiées (fake news) a rapidement pris une ampleur considérable en investissant les réseaux sociaux. Il correspond à la dissémination d’une information fausse par les canaux médiatiques (presse, radio, web). Il peut s’agir d’une entreprise délibérée (désinformation) mais aussi d’une honnête erreur ou d’une négligence (mésinformation).
L’essor du phénomène s’explique par la multiplication en très peu de temps des réseaux sociaux (Linkedin, Facebook, You Tube, Twitter et Instagram ont vu le jour entre 2003 et 2010), et la puissance des moteurs de recherche (Google). En intensifiant la circulation de l’information, ils ont favorisé la diffusion de la propagande et de la désinformation. Ils présentent quatre propriétés majeures d’un grand intérêt pour le désinformateur :
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L’invasion des réseaux sociaux par les informations falsifiées, aggravée par l’appropriation illégale des données de la vie privée prend la forme de véritables campagnes visant à tromper l’opinion et à fausser le fonctionnement normal des élections. Certains Etats utilisent ces vecteurs à des fins d’ingérence dans la vie politique . Le Kremlin a nié plusieurs fois ces accusations. Selon la presse, Google est aussi en train d'examiner si ses services ont pu être utilisés par des intérêts russes pour interférer dans la campagne.
        2 ) Printemps Arabes , brexit .. :
Ø  En 2016, le referendum britannique sur le Brexit et les élections présidentielles américaines ont été gravement polluées par l’injection de rumeurs mensongères et de calomnies distillées par des officines masquées pour fausser l’esprit des électeurs.


3.   Comment les États luttent-ils contre la désinformation sur les réseaux sociaux ?

1.     Les “fermes à trolls”, un exemple de stratégie d'influence numérique :

Lors des élections présidentielles américaines de 2016 (Comment des « trolls » russes ont réussi à peser sur l'élection présidentielle américaine, Le Monde, 17/12/2017), des “fermes à trolls” seraient intervenues afin de désinformer et diviser les citoyens, participant à l'inversement du rapport de force au profit de Donald Trump. Le terme “troll” est apparu dans les années 1990 sur l'internet et définit un internaute qui empoisonne les débats avec des remarques inappropriées, tendancieuses ou provocantes afin d'alimenter des polémiques.
En attendant les résultats de l'enquête officielle à paraître en 2019, deux rapports produits par le site d'information américain Axios mettent en exergue l'existence d'une propagande venue de Russie visant à influencer les débats politiques, par le biais de fermes à trolls russes se faisant passer pour des citoyens américains.
La principale ferme à trolls a été repérée par l'IRA (Internet Research Agency). Ses agents auraient créé plusieurs sites diffusant de fausses informations ciblant des communautés spécifiques, et notamment la communauté afro-américaine avec les sites “Black4black”, “Blacktivist.info”, etc. (tous déréférencés de Google)(How Russian Bots Invade Our Elections, The New York Times, 
Les réseaux sociaux auront servi à toucher facilement leurs cibles (notamment via le hashtag “DoNotShoot”) et apporter une grande visibilité à ces sites. Cela aurait contribué à détourner certains électeurs de la communauté afro-américaine, très majoritairement démocrate, de voter pour Hillary Clinton. D'autres communautés ont également été visées telles que la communauté LGBT..
Suite à ce scandale, Facebook a pris des mesures pour contrer ce genre de pratique. En effet, l'entreprise a employé plus de dix mille personnes au sein de son département sécurité. Elle procède désormais à une vérification des publicités et s'est engagée à retirer les éventuelles “fake news” publiées. Reste à savoir si ces mesures seront véritablement efficaces.

2.     La lutte contre la désinformation abordée singulièrement par chaque pays :

D'autres pays ont connu des troubles durant leurs élections comme au Mexique où la campagne présidentielle de juillet 2018 a été entachée par une campagne de diffamation et de fausses informations sur les réseaux sociaux à l'encontre d'Andrés Manuel Lopez Obrador, candidat favori des sondages. Cette affaire n'a toutefois pas empêché son élection (Mexique : les réseaux sociaux, nouveau champ de bataille électoral, RFI,11/06/2018).
La Chine, poursuivant une stratégie géopolitique agressive, a été accusée d'avoir influé sur les élections taïwanaises locales de 2018 par le biais, entre autres, des réseaux sociaux. La résultante est l'élection de plusieurs candidats pro-chinois, notamment dans la deuxième plus grande ville du pays.

3.     Comment le gouvernement français a-t-il réagi face à ce danger omniprésent et diffus ?

La transparence des plateformes, en particulier en période électorale : trois mois avant le mois de l'élection, les opérateurs de plateforme en ligne, telles que YouTube, Twitter ou Facebook, devront fournir une “information loyale, claire et transparente” sur l'identité des personnes qui rémunèrent la plateforme en contrepartie de la promotion de contenus se rattachant à un débat d'intérêt général ainsi que de leurs commanditaires.
− L'extension du pouvoir du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), en particulier en période électorale : le CSA pourra refuser de signer une convention avec une chaîne de télévision étrangère s'il la soupçonne de manipulation par la diffusion d'informations mensongères. En cas d'accord conclu, et en période électorale, le CSA pourra ordonner une mesure exceptionnelle de “suspension” de la diffusion du programme de ladite chaîne. Il sera également envisageable de résilier le contrat unilatéralement de la part du CSA.
Conclusion :
Les « fake news » ont dominé l’univers médiatique depuis l’entrée en poste du président Donald Trump aux États-Unis et ce dangereux phénomène risque maintenant de s’étendre dans le monde entier. Puissant instrument de désinformation, les fake news risquent de devenir une véritable épidémie, un peu à l’image du mouvement de propagande anti-vaccination qui a remis en question le consensus scientifique sur les vaccins.

Colle de recherche : La Russie aujourd’hui , le rouneveau d’une grande puissance géopolitique ? (Par HAIM)

La Russie aujourd’hui , le rouneveau d’une grande puissance géopolitique ?

Introduction
      La Russie actuelle est née en 1991 du démantèlement de l’URSS, Etat considéré alors comme développé. Ce nouvel Etat, engagé dans un long processus de recomposition, connaît les problèmes du re-développement. Cette nouvelle Russie s’est engagée depuis sa création et même depuis la perestroïka (reconstruction, réformes de Gorbatchev à partir de 85) dans la voie de la libéralisation politique et économique. Le passage brutal à l‘économie de marché a été extrêmement difficile : des pans entiers de l’économie se sont écroulés, les structures sociales d’ « ancien régime» ont disparu, le chômage et la misère se sont développés. L’image ainsi véhiculée par les médias a été celle d’un pays au bord de l’abîme, remisé au rang d’un pays en voie de développement. Cependant, la Russie montre des signes certains de redressement depuis 1999 et bénéficie d’atouts importants que la nature et l’héritage de l’Union soviétique lui ont offerts : espace immense doté de ressources considérables (ressources qui sont en grande partie le moteur de la reprise économique des dernières années), population nombreuse et hautement qualifiée, potentiel économique, militaire et diplomatique de poids.
 => problématique(s) : Quels ont été les aspects et les conséquences de la recomposition et du redressement ? La Russie est-elle encore une grande puissance (a-t-elle retrouvé les attributs de la puissance que fut l’URSS ?) ?

I. Un Etat en pleine mutation
        A) Un État immense mais réduit
    Le diaporama doit vous permettre en même temps de suivre et vous situer. Cf istor bac blog. 17 M de km2 = 30 fois la France (11% des terres émergées) / 9000 km Est-Ouest (presque la moitié de la Terre, l’essentiel du territoire en Asie). Mais elle a perdu 5 M de km2 par rapport à l’URSS de 1991, dont elle n’est qu’une des républiques, la plus étendue et la plus peuplée (145 M d’habitants sur les 260 de l’URSS). Les frontières ont été modifiées => problèmes de défense et de fonctionnement : le cosmodrome de Baïkonour (photo) est à l’étranger, comme des bases navales en mer Noire (Fondé par la tsarine Catherine II dans une zone stratégique de la mer Noire, le port ukrainien de Sébastopol (sud-ouest de la Crimée) abrite la base navale de la marine russe.). La Tchétchénie troublée est devenue frontalière. La région de Kaliningrad est enclavée au sein de l’UE. Se sont retrouvées hors de la Russie actuelle d’importantes ressources naturelles : bassins charbonniers (Donbass), champs de pétrole (Mer Caspienne), sites miniers, cultures des pays chauds (agrumes, coton par ex. : Caucase du Sud, Asie centrale). @ Restent les problèmes de maîtrise du territoire dont l’immensité fait de la Russie un État-continent Pays du froid, à 90% au nord du 50e parallèle (dont 30% au-delà du cercle polaire) => climats rigoureux (continental, polaire), hivers très longs, merzlota (pergélisol ou permafrost en anglais) (gel permanent du sol, qui dégèle superficiellement en été), froid qui fait éclater les rails, dégel de printemps qui détruit les routes, embâcle (gel hivernal) et débâcle (dégel estival) des fleuves sibériens. Le Territoire est inégalement desservi de part et d’autre de l’Oural : réseau de transports en étoile à partir de Moscou en Russie d’Europe, bien connecté à l’UE / axe de communication unique et vétuste (train), en Russie d’Asie à l’Est de l’Oural, du Transsibérien doublé à l’extrême Est par le BAM (Baïkal-Amour-Magistral). De nombreuses régions du nord de la Sibérie, enclavées, dépendent des liaisons aériennes. Plus récemment inégalité de la couverture internet : 80% des russes n'ont pas accès à Internet. Médiocre développement des réseaux. Majorité des utilisateurs = connexion au travail, utilisation professionnelle dominante. 2002: l'Etat met en place un plan de développement. 5Mds d’€.. Forte couverture à Moscou. Cependant phénomène spatial très sélectif à Moscou même : utilisation surtout à Moscou dans le quartier des affaires. Peu d’ouvertures sur les mers et les océans, malgré 43 000 km de côtes : les littoraux sont pris par les glaces une grande partie de l’année (Baltique avec Saint-Petersbourg, Mer de Barents avec Mourmansk, Vladivostok au large du Japon). Seuls les ports de la mer Noire sont libres de glace, mais on y accède par les détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles.
B) Une démographie sur le déclin
     L’éclatement a mis à l’extérieur de la Russie plus de 25 M de Russes et à l’intérieur près de 20 M de ressortissants des nouveaux États => malaise et migrations difficiles (retour des Russes des ex-républiques de l’URSS, arrivée de non-russes chassés par des conflits locaux et trouvant refuge dans le pays => difficultés d’accueil et problème de l’aide financière apportée à ces personnes : leur présence provoque parfois des phénomènes de rejet. @ Avec 141M d’habitants, la Russie a perdu 8M d’habitants depuis 1992 (9e rang mondial). Comme dans les pays développés, la natalité et la fécondité (La natalité est l'étude du nombre de naissances au sein d'une population .Il ne faut pas la confondre avec la fécondité qui est l'étude du nombre des naissances par femme en âge de procréer) de la Russie diminuent depuis les années 60 (indice de fécondité = 1.3 enfant par femme => pas de renouvellement des générations), mais la Russie présente des caractères démographiques spécifiques. Le bilan naturel est négatif depuis 1992 (taux d’accroissement naturel < 0 : la Russie perd 800 000 personnes par an et l’immigration par retour des Russes ne suffit pas à compenser) :- taux de natalité (nombre de naissance par habitants)= 10 pour mille (en baisse constante depuis la fin des années 1980) mais en léger progrès grâce à l’amélioration de la situation économique et à une politique de primes à la naissance - taux de mortalité = 16 pour mille (en hausse constante depuis 1991), très élevé à cause de la crise sanitaire : mortalité infantile forte et en hausse (10 pour mille), espérance de vie en baisse (59 ans chez les hommes, 72 chez les femmes) car : baisse du niveau de vie lors du passage à l’économie de marché (=> pauvreté), mauvais état des services de santé depuis l’ère soviétique, aggravé depuis 1991 par le retrait de l’État, alcoolisme, forte mortalité par accidents, épidémies comme le SIDA, essor de la criminalité.     Le peuplement est déséquilibré de part et d’autre de l’Oural. La densité moyenne est de 8,3 hab/km2 => territoire sous-peuplé. Mais en fait 80% de la population vit sur 25% du territoire, en Russie d’Europe (plus vieille), et 20% sur 75% du territoire, en Russie d’Asie (plus jeune). Le Nord de la Sibérie est vide (sauf quelques zones minières), le Sud peuplé le long du Transsibérien. Il y a des migrations intérieures vers la Russie d’Europe mais limitées par la vétusté des réseaux de transports, le manque de logements et la propiska (« passeport » intérieur nécessaire pour s’installer dans les grandes villes, officiellement supprimé depuis 1993 mais toujours en vigueur en fait) dans les grandes villes comme Moscou.                                                                           L’urbanisation, rapide du temps de l’URSS, est aujourd’hui stoppée, la population urbaine stagnant à 73%. Il y a toujours exode rural, mais les grandes villes, sauf Moscou, perdent des habitants avec la crise démographique. Dix des 15 villes > 1M d’habitants sont en Russie d’Europe et concentrent plus d’1/4 de la population urbaine. Les deux métropoles dominantes sont Moscou (plus de 10M d’habitants, seule ville globale de Russie) et Saint-Petersbourg (5M d’habitants).
C) L’entrée de force dans l’économie de marché
 Depuis 1992, la Russie a choisi le système économique libéral et a privatisé la plupart des entreprises publiques (sauf le complexe militaro-industriel et le gaz) qui assuraient la quasi-totalité de la production. Elles ont été reprises, souvent de façon mystérieuse et violente, par des banques nouvelles menant des groupes d’affaires souvent animés par d’anciens dirigeants d’usines d’État. La quasi-totalité de l’industrie et des mines sont privatisées, mais en maintenant les combinats (grands ensembles industriels polyvalents, datant de l’ère soviétique : sidérurgie, chimie, textile, etc.)). L’État possède encore des grandes entreprises, en concurrence avec des sociétés privées. Les kolkhozes et les sovkhozes ont été transformés en sociétés privées, dont les paysans sont souvent salariés (les paysans indépendants sont moins de 5%) : malgré des « terres noires » très fertiles (tchernoziom dans le sud de la Russie d’Europe), la Russie n’est plus une grande puissance agricole.                                                          Ces changements se sont d’abord accompagnés d’une chute de la production (baisse des commandes militaires, vétusté et délabrement d’une partie des usines) d’1/3 entre 1991 et 98, avec une montée du chômage. En 1998, une grave crise financière a entraîné faillites et concentrations d’entreprises. Depuis, l’économie russe en reconstruction a retrouvé la croissance (voir II.), avec un taux de chômage < 8%. Reste que les indicateurs internationaux ne placent pas encore la Russie dans les pays du Nord : 79e rang mondial pour le PNB/habitant (5800 $), 67e pour l’IDH (0,802 = celui du Brésil) .                                 Ces changements ont accru les inégalités sociales depuis 1990 :                                                                                                                                                                                                                                                                                       · Les 20% les plus riches reçoivent 52% des revenus totaux, quand les 20% les plus pauvres ne reçoivent que 4% des revenus totaux.                                                                                                                                         · La Russie est le pays des nouveaux riches : n°2 mondial pour le nombre de milliardaires (R. Abramovitch, Chelsea), un des principaux marchés des produits de luxe (7% des ventes mondiales). L’enrichissement, légal ou non, a profité aux dirigeants d’entreprises, aux spécialistes (finance, informatique…), à de nombreux jeunes urbains à l’esprit d’entreprise (vacances sur la Côte d’Azur), aux oligarques.                                                                                          Exemples :R Abramovich : deuxième fortune de Russie et 16ème mondiale, 19Mds de dollars, le plus jeune parmi les 25 plus grosses richesses du monde, célèbre car proprio de Chelsea et investissements dans le football européen. 16/08/2008 Le milliardaire russe Mikhail Prokhorov achète la villa la plus chère du monde à Villefranches sur Mer sur la côte d’Azur. Un demi-milliard d’euros. 24ème homme le plus riche du monde. Réseau présumé de prostitution à Courchevel.                                                                                                                                                                   · La pauvreté, de masse dans les années 1990 (plus d’1/3 de la population) est tombé à 15-16% de la population en 2007, grâce à la croissance des années 2000. La misère touche les campagnes (plus de 30%), les républiques et périphéries non-russes de la Russie (Caucase, Sibérie), les personnes âgées (effondrement des retraites à cause des dévaluations du rouble, recul de la protection sociale d’État), les ouvriers, les chômeurs, les fonctionnaires, les minorités non-russes (120 minorités en Russie, à dominante musulmane, alors que les Russes – 80% de la population – sont majoritairement orthodoxes : montée du nationalisme russe face aux minorités)…
D) Des pouvoirs qui s’affrontent .  
La Russie est un État fédéral composé de 89 unités = « sujets » autonomes (un président élu, un gouverneur nommé) et égaux en droits (traité de la Fédération, 1992, signé par tous sauf la Tchétchénie), mais contrôlés depuis 2000 par 7 gouverneurs (7 grandes régions) représentants du Président (Poutine) : - 21 républiques - 49 régions (oblast) - 6 territoires (kraï) - 2 agglomérations urbaines (Moscou et Saint-Petersbourg) - 11 régions ou districts autonomes. Il y a un Parlement (deux Chambres), un Président de la Fédération élu au SU direct pour 4 ans (Vladimir Poutine, ex du KGB, en 2000-2008, puis Medvedev en 2008, avec comme Premier Ministre… Poutine). Les partis politiques sont très instables, l’opposition divisée, intimidée (prison, assassinats, peu d’accès aux médias) et muselée. Si le début des années 1990 avait été marqué par une démocratisation indéniable (pluralisme politique et de la presse, grandes libertés), mais avec une forte corruption (=> fortune des oligarques) et un affaiblissement du pouvoir central, il y a eu avec Poutine un très fort retour de l’autoritarisme politique et économique (prise de contrôle par l’État de la TV, de grands journaux, du pétrole et du gaz, démantèlement ou rachat de groupes privés d’oligarques, souvent emprisonnés). Les élections de mars 2012 ont été marquées par des manifestations d’opposants à Poutine d’ampleur assez inédites qui dénoncent les trucages des scrutins et le manque de démocratie. Sans surprise, Poutine est réélu à la présidence, par plus de 60% des suffrages lors du premier tour du 4 mars 2012. @ Les trois groupes qui s’affrontent ou coopèrent selon leurs intérêts sont les oligarques (grands patrons de banques et d’industries), le président et ses alliés des ministères et de l’administration (l’armée a beaucoup perdu de son pouvoir : complexe militaro-industriel en crise), les mafias. Poutine et Medvedev l’emportent pour l’instant. Ne pouvant exercer plus de deux mandats présidentiels de suite, Poutine a fait élire président son « poulain » Medvedev, dont il est devenu le Premier Ministre. L’apprentissage de la démocratie reste donc très très très lent.                                                                                                                              

II. Une puissance renaissante mais incomplète
         A) Une puissance renaissante
                          1) L’essor économique
 La croissance est aujourd’hui de 6 à 7 % par an, avec un PIB de 1000 MM de $ (15e rang mondial), une balance commerciale excédentaire, une multiplication par 4 des IDE depuis 2000. Doc balance commerciale Russie Il y a pourtant des freins à la réussite : forte dette de l’État (165MM de $), forte inflation (12% en 2005), économie illégale très développée (corruption, trafics illicites, détournement fiscal, fuite des capitaux), retard de l’investissement dans les infrastructures de transports, le logement, les équipements publics et l’industrie, méfiance vis-à-vis des investissements étrangers (négociations d’entrée dans l’OMC lancées en 1993 et toujours pas terminées).                                                                                                                       L’industrie s’est concentrée sur les secteurs de base (énergie, sidérurgie, métallurgie…), l’industrie légère ayant beaucoup souffert. Les industries de biens de consommation sont aujourd’hui les plus dynamiques, avec l’énergie (gaz, pétrole : 30% de la richesse nationale). Les services progressent fortement (42% de la main d’œuvre en 1991, 60% en 2005).                                                                                        Reste que le modèle soviétique avait donné la priorité à l’industrie lourde sur gisements de ressources naturelles.                                                                                                                                                                            => régions industrielles dispersées, souvent lointaines => temps et coûts de transports élevés.                                  
                            2) La Russie possède un certain nombre d’atouts
Des ressources naturelles (doc)(les ¾ à l’Est, alors que l’essentiel de la consommation est à l’Ouest) :                                                                                                                                                                  · énergie : 1er producteur et exportateur mondial de gaz (1/3 des réserves mondiales), 2e producteur de pétrole (la moitié des réserves), 4e d’électricité, 5 e de charbon. Ex de la mer de Barents.                                                                                                                                                                          · minerais : 1er pour le nickel et le mercure, 2e pour les diamants et la platine, 5e pour l’or et le fer. Minerais de l’Oural en déclin, mais énorme potentiel en Sibérie                                                                                            · vastes forêts (la moitié du territoire : cf toundra, taïga, foret boréale …) et sols arables (300M d’hectares) + excellentes terres noires (tchernoziom) très riches pour les céréales.                             -Forêt boréale: (appelée par extension taïga). Il s’agit d’une forêt dominée par les conifères avec présence discrète de feuillus. En Europe, constituée de feuillus (bouleaux) et ou de conifères, elle s'étend de la Baltique à l'Oural. Les épicéas sont les conifères dominants formant une forêt dense et sombre. Au-delà de l'Oural, le mélèze remplace l'épicéa et elle s'éclaircit en allant vers l'est jusqu'à devenir une formation très claire, sorte de steppe arborée dans les montagnes d'Extrême-Orient. À la frontière chinoise, le long de l'Amour, la taïga redevient plus dense et plus variée.                                                                                                                                      --Taïga (sensu stricto) : La taïga est une zone de transition entre la forêt boréale et la toundra arctique. Le couvert forestier, dont la composition est semblable à la forêt boréale, est continu mais relativement ouvert.                                                                                                                                  Steppe : Formation herbacée basse plus ou moins ouverte et suffisamment continue pour dominer le paysage. Ces formations sont déterminées par de basses précipitations mais supposent de très grandes amplitudes thermiques, ce qui justifie leur répartition à la périphérie des déserts tropicaux et aux hautes et moyennes latitudes en domaine continental.                          Mais la Russie a tout misé sur la vente de gaz (société d’État = Gazprom) et de pétrole (entreprises privées) comme base financière du développement. La mise en valeur du territoire est superficielle : on compte plus sur l’abondance et sur l’ouverture de nouveaux sites (« terres vierges » à l’Est) que sur une meilleure exploitation => gaspillages                                                                                                                un héritage soviétique de :                                                                                                                                                       · grands travaux, souvent grâce aux détenus du Goulag. Certains grands travaux ont gaspillé des ressources (canal Baltique-mer Blanche, voies ferrées arctiques abandonnées), d’autres peuvent être des atouts (système fluvial de la Volga, Transsibérien et BAM).                                                                                                                     · domaines d’excellence, surtout dans la défense et les hautes technologies, la recherche scientifique, les activités de prestige (espace, arts et spectacles, etc.).                                                                                                · des « cerveaux » très bien formés, mais qui ont tendance à partir à l’étranger.
                                3) L’insertion dans la mondialisation
 Certains secteurs se sont ouverts, surtout à partir des années 2000, aux firmes étrangères :               · la grande distribution internationale (Ikea, Auchan, Metro) dans les grandes villes : ex de Moscou.                                                                                                                                                                       · l’automobile (Ford, Hyundai, BMW, Renault, Michelin…). Renault assemble la Logan à Moscou depuis 2005 et a pris en 2008 ¼ du capital du 1er constructeur russe, Lada-VAZ.                                                       · Les branches les plus attractives sont le pétrole, l’industrie alimentaire, le bâtiment (Bouygues).                                                                                                                                                                          · Il y a des IDE (350MM de $ depuis 1992) venant surtout des Etats-Unis, d’Allemagne, de France.                                                                                                                                                                Des grands groupes industriels russes se sont internationalisés : Gazprom (premier exploitant et premier exportateur de gaz au Monde) achète à l’étranger, RusAl est depuis 2007 le n°1 mondial de l’aluminium (fusion avec une société suisse).                                                                          Le commerce extérieur russe est excédentaire : la Russie exporte surtout du pétrole et du gaz et importe des produits manufacturés et de haute technologie (=> dépendance). Son 1er partenaire est l’Union européenne.                                                                                                           Visibilité dans le paysage urbain : métropolisation. Moskva City : la Manhattan russe : un quartier d'affaires ultramoderne. Moskva-City est une ville dans la ville : déjà surnommé le "Manhattan de Moscou", ce quartier de 60 ha comptera pas moins de 15 gratte-ciel (dont la Tour de Russie, plus haut immeuble d'Europe) et combinera appartements privés, bureaux et lieux de divertissements. @ La Russie équipe ses frontières :                                                                                  · gros projets en cours (oléoducs, gazoducs, lignes électriques) pour exporter de l’énergie de Sibérie vers la Finlande, la Chine et le Japon                                                                                                                                                                              · les régions russes d’Extrême-Orient (région de Vladivostok, rives du fleuve Amour) essayent d’attirer les investisseurs chinois, japonais et coréens.                                                                                      · L’aménagement du Caucase et de la mer Caspienne (pétrole) est rendu plus compliqué par les tensions géopolitiques et l’instabilité (conflit en Tchétchénie) dans ces régions.                                        Reste que l’insertion dans la mondialisation est encore faible. La Russie représente moins de 2% du PIB mondial et du commerce international de marchandises. Elle n’est toujours pas membre de l’OMC. Les IDE (55MM de $ en 2007) ne représentent que les 2/3 de ceux que reçoit la Chine, et vont surtout dans les hydrocarbures. Les investisseurs étrangers restent méfiants (forte corruption). L’économie repose surtout sur le cours élevé des matières premières et surtout des hydrocarbures, ce qui la rend vulnérable. La politique de monopole de l’État dans certains secteurs (gaz, aéronautique) semble peu compatible avec la mondialisation libérale.
         B) Une puissance incomplète
                               1) La restauration de la puissance politique russe ?
 La Russie n’est plus une superpuissance (elle serait la 15e mondiale pour le PNB annuel, la 100e pour le PNB/habitant, la 2e pour l’armement et les hydrocarbures), mais Poutine a voulu « restaurer » la puissance russe dans les relations internationales.                                                                    La Russie est une puissance nucléaire, membre permanent de l’ONU, membre du G8, membre prépondérant de la CEI. Elle pratique envers ses voisins (ex-républiques de l’URSS comme l’Ukraine ou la Biélorussie) une « diplomatie des hydrocarbures » (menaçant de couper l’approvisionnement, ce qui touche du coup l’UE). Elle intervient aussi politiquement, en Tchétchénie (guerre et massacres), dans les révolutions démocratiques des voisins (Ukraine, Géorgie). Elle s’oppose à l’extension vers l’Est de l’OTAN et menace de riposter à l’installation du bouclier antimissiles américain en Europe orientale. Il y a toujours des tensions avec le Japon (îles Kouriles), la Finlande (frontière contestée), les États baltes (minorités russes), l’UE (gaz, extension de l’UE, enclave russe de Kaliningrad en Pologne), la Chine (conflits frontaliers), les riverains du pôle Nord (revendications sur le pôle, qui cacherait de grands gisements pétroliers). La Russie garde une forte influence en Asie centrale (exploitation des hydrocarbures par les Russes, forces militaires).                                                                                                            Tchétchénie : Caucase nord, novembre 91 la république tchétchène se proclame souveraine. Pendant 3 ans Moscou tolère l’autonomie de fait puis à l’occasion d’une guerre civile en Tchétchénie la Russie intervient (déc 94). Trois années d’affrontement, sans pouvoir vaincre la résistance tchétchène. Mai 97 accord de paix signé entre le nouveau gouvernement tchétchène et Moscou. Reprise de la guerre été 99 avec violence encore plus grande. Destruction de la capitale Grozny. Saignée démographique. Environ 100000 morts. Maintien dans la fédération russe à tout prix : peur de l’effet domino.                                                                                                   Géorgie : Août 2008, Medvedev, Ossétie du Sud : volonté d’indépendance par rapport à la Géorgie. Envoi de l’armée russe, notamment depuis la base de Sébastopol. Reprise de la capitale ossète Tbilissi VS géorgiens. Objectif caché de la Russie : rayer la Géorgie de la carte énergétique.                                                                                                                                                     L’arsenal nucléaire militaire est en cours de modernisation, comme les armements conventionnels. Mais le potentiel militaire russe n’est pas celui d’une superpuissance (vétusté, accidents comme celui du sous-marin nucléaire Koursk).                                                                              La Russie est une mosaïque ethnique, avec 120 nationalités différentes (1/5 de la population). Celles du NW sont bien intégrées, pas les peuples (à dominante musulmane) d’origine turque ou caucasienne (ex. Tchétchénie : guerre depuis 1999, terrorisme), tentés par la revendication autonomiste ou indépendantiste, comme des minorités du Sud de l’Oural (ex. Tatars) et de Sibérie (ex. république de Touva dans l’Altaaï). Le centre (Moscou) a du mal à maîtriser les régions lointaines, souvent autonomes => des risques de sécession aux frontières.
                       2) Un environnement très dégradé
 Le bilan écologique est catastrophique, après des décennies de pollution :                                                    · militaire : régions interdites, villes secrètes du complexe militaro-industriel (recherche) polluées et en reconversion, essais nucléaires, mers poubelles nucléaires (sous-marins au Nord) · industrielle : 30% des eaux potables ne le sont pas, 20% des sols sont contaminés (rejets industriels chimiques ou d’hydrocarbures), les forêts sont atteintes par les pluies acides, 15% du territoire russe seraient pollués, 85 villes atteignent des taux de pollution atmosphérique records.                                                                                                                                                                           · nucléaire (Tchernobyl 1986 : c’est en Ukraine aujourd’hui, mais une partie du SW de la Russie a été contaminée. Il y a eu d’autres accidents nucléaires en Russie pendant l’ère soviétique). Le nucléaire civil est toujours mal maîtrisé, la radioactivité au-dessus des normes acceptables sur les sites de stockage. Les lois sur l’environnement (1991) sont peu appliquées, les républiques essayent de faire des efforts mais manquent de moyens. En Extrême-Orient et au NE, faute de moyens financiers et de volontaires, des territoires entiers sont à l’abandon.
Conclusion :
La Russie a un niveau de développement économique qui est comparable aux NPIA (en terme de richesse) et au Brésil (pour l’IDH). Intégré aux BRICS, c’est un pays qu’on peut classer au Nord comme au Sud, et qui est en quête d’un nouveau développement. C’est une puissance régionale marqué par un régime autoritaire avec des ambitions régionales et mondiales