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mardi 29 septembre 2020
TR1 : Concept de puissance
Bonsoir,
Ce texte est à lire impérativement. il sert comme support pour préparer le premier chapitre de l'HGGMC. il se peut qu'il fera aussi l'objet des premiéres colles la semaine prochaine.Cordialement
Le Concept de puissance
LE TERME DE PUISSANCE est synonyme de pouvoir. Les langues anglaise avec power ou allemande avec Machtutilisent
d’ailleurs le même mot. En géopolitique, comme dans les relations
internationales, la notion de puissance fait le plus souvent référence à
des États mais d’autres acteurs sont dotés d’une puissance indéniable,
notamment les institutions financières, les firmes transnationales ou
les organisations non gouvernementales majeures. Pour ne pas parler des
organisations criminelles.
Raymond Aron intellectuel français la définir ainsi «capacité
de faire ; capacité de faire faire ; capacité d’empêcher de
faire ; capacité de refuser de
faire. » Exemple : le Roy-Uni impose à l’empire
ottoman (endetté auprès de banques britanniques) un régime douanier
favorable aux importations britanniques qui va anéantir l’insdutrie
ottomane naissante. Ainsi, la puissance caractérise la capacité
d’un acteur du système international à agir sur les autres acteurs et
sur le système lui-même pour défendre ce qu’il croît être ses intérêts,
atteindre ses objectifs, préserver voire renforcer sa
suprématie.L’Américain Robert Kagan résume ainsi la puissance comme la
capacité à faire l’Histoire, avec un H majuscule. La puissance a pour
objectif affiché la sécurité nationale. Ces quelques réflexions nous
conduisent à la problématique suivante : quels sont les fondamentaux de la puissance ?
PREMIERE PARTIE : LE CONCEPT DE PUISSANCE
A. Un concept multiforme,
On distingue d’abord les puissances régionales des puissances
mondiales. En 1913 seuls la France et le RU sont mondiales. Le Japon
reste une puissance régionale. La puissance implique, en effet, une
hiérarchie des acteurs : hyperpuissance, superpuissance, puissance
moyenne, puissance déclinante, ancienne puissance, puissance
ré-émergente, puissance émergente, etc. Le système international évolue
en fonction de cette hiérarchie mouvante des puissances et des capacités
variables des Etats.Le système international est multipolaire si
plusieurs puissances sont en concurrence comme en 1913, bi-polaire si
deux d’entre-elles dominent comme durant la Guerre froide (1947-1990),
ou unipolaire si un seul Etat impose son hégémonie comme c’est le cas
après la disparition de l’Union soviétique en 1991. La puissance s’est
d’abord manifestée par la coercition. La guerre, l’impérialisme,
l’invasion de territoires expriment une forme de domination fondée sur
la force. La guerre façonne la puissance et réciproquement. De façon
plus récente, la notion de soft power a été formulée en 1990 par Joseph Nye dans son article « Soft Power », publié par Foreign Policy.
Cet auteur entend par là un pouvoir d’attraction ou d’influence d’ordre
culturel et commercial plutôt qu’étatique. J. Nye souhaite mettre en
évidence le pouvoir d’attraction qu’exerce un mode de vie, les valeurs
ou les institutions desEtats-Unis. Les puissances n’hésitent pas à utiliser également le hard power, par exemple sous la forme d’un tapis de bombes en 2003 sur l’Irak après
avoir prétexté de la menace d’armes de destructions massives qui n’ont
jamais été trouvées. En 2009, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton
prétend mettre en place une politique extérieure dite du smart power,
la puissance intelligente. La problématique consistait à restaurer
l’image des Etats-Unis dans le monde. Chacun aura noté que soft, hard ou smart, il s’agit toujours de power…
B. … évolutif,
La puissance est un concept plus complexe qu’il n’y parait. D’abord
parce que la puissance d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui. Il s’agit
donc d’un concept évolutif. Chacun comprend
intuitivement que les fondamentaux de la puissance à l’époque de la
Grèce antique ne seraient guère utiles aujourd’hui. Les facteurs qui
sous-tendent la puissance évoluent toujours. Au XIXème la technologie
industrielle est un élément de domination : aujourd’hui internet
est un outil de puissance. La puissance est généralement localisable
dans l’espace. Le concept de système monde fondé sur la dualité
centre/périphérie parait le mieux adapté pour spatialiser la puissance
puisque, de façon imagée, les centres comme lieux de pouvoir, s’opposent
aux périphéries ainsi désignées en tant qu’espaces dominés et
impuissants.
C. …et complexe
La puissance est un concept complexe qui
fait entrer en ligne de compte une multitude de paramètres dont
l’importance et la combinaison varient selon les moments voire les
lieux. Ce qui rend problématique la conception d’une stratégie de
puissance. Ne perdons pas de vue que la puissance est aussi relative.
Jusqu’à ce jour, aucune puissance n’a été capable de contrôler
l’ensemble de la planète. A la frontière entre le Pakistan et
l’Afghanistan, les Etats-Unis ne maîtrisent pas totalement la situation,
en dépit de l’usage des drones... dont les effets s’avèrent parfois
contreproductifs. Et il leur a fallut 10 ans pour mettre la main sur
Oussama Ben Laden et l’exécuter. Au XIXème siècle, les troupes
britanniques avaient subies des défaites face aux Zoulous. La puissance
est toujours éphémère. J.-B. Duroselle n’a-t-il pas publié en 1981
« Tout empire périra » ? Dix ans plus tard, l’URSS
implosait. De surcroît, la puissance n’est jamais une garantie de
succès. Pour s’en convaincre il suffit de considérer les fiascos des
Etats-Unis en Afghanistan comme en Irak. La hiérarchie des puissances
est fortement déterminée par les conditions techniques dominantes mais
elle dépend aussi de la perception que les autres acteurs en ont. Le
facteur temps joue ici un rôle parce qu’après avoir longtemps admis la
puissance d’un acteur les autres peuvent progressivement s’apercevoir
que « Le roi est nu » et contester sa domination.
DEUXIEME PARTIE : TROIS FONDAMENTAUX DE LA PUISSANCE
A. Le territoire
Le territoire est une base de la puissance. La possession de
produits clés comme le charbon ou le pétrole sont des atouts clés.
L’importance du nombre d’habitants est aussi important : Au début
du XIXè Napoléon , à la tête du pays le plus peuplé d’Europe (hors
Russie) se bat contre l’Europe entière.
Base de la puissance, le territoire peut permettre de projeter la
puissance, au-delà des horizons terrestres ou maritimes. En 1913, une
poignée de pays européens occupent toute l’Afrique. Il importe surtout
pour une puissance de contrôler les routes stratégiques. Durant des
millénaires, le territoire fut seulement terrestre, puis il devient
spatial avec la conquête de la Lune et plus récemment virtuel avec
l’essor de la Toile. Les « autoroutes de l’information »
deviennent aussi stratégiques que les « autoroutes
maritimes ».
Pour revenir à l’espace terrestre, la superficie du territoire joue
un rôle non négligeable mais finalement moins important que sa
maîtrise. La superficie des Etats-Unis – 9 millions de kilomètres carrés
– est très inférieure à celle de la Russie – 17 millions de kilomètres
carrés, mais la puissance des Etats-Unis paraît très supérieure à celle
de la Russie et ce, dès la fin du XIXème siècle. Parce que la Russie ne
maîtrise pas véritablement l’ensemble de son territoire, fautes d’un
peuplement dynamique, de structures socio-politiques et
d’infrastructures économiques à la hauteur de l’immensité – presque la
moitié de la circonférence terrestre – et des défis du climat. Il
importe donc que le territoire soit investi – dans tous les sens du
terme. Parce que le territoire est une ressource. Le
territoire est la base des activités économiques, très variables selon
l’époque et le lieu. Les territoires sont généralement hétérogènes, avec
des pôles de richesse et de pauvreté, avec plusieurs gradients
possibles entre ces deux situations. La richesse produite peut fournir
les moyens de financer une armée et d’acquérir des moyens militaires.
B. Les hommes
La démographie doit être considérée lorsqu’il est question de
puissance. D’abord pour le nombre. Certes, le nombre ne suffit pas
pour peser dans le monde. Il est facile de multiplier les exemples de
pays dont la population est nombreuse et la puissance à l’état de
souvenir… ou de projet. Pour autant, la masse indienne (2nd rang
mondial auj) ne suffit pas à faire de l’Inde une grande puissance. Les
hommes comptent surtout pour la dynamique. Il importe de savoir si la
dynamique démographique est à la hausse ou à la baisse. La population
augmente-t-elle, stagne-t-elle ou diminue-t-elle ? Quelle est sa
fécondité, sa moyenne d’âge, son espérance de vie ? Il faut situer
ces indicateurs par rapport au contexte régional puis mondial. Les
hommes – et les femmes - doivent enfin être considérés pour leur niveau
de formation. Le niveau d’éducation britannique ùmais aussi japonais est
parmi les plus élevés en 1913.
C. Le désir
La puissance résulte d’abord d’un désir.
Tous les peuples ne partagent pas au même moment l’ambition de
peser dans le monde, heureusement d’ailleurs. Le désir d’en découdre
joue un rôle déterminant, voire déclenchant. Au XIXème siècle, les
Américains sont convaincus de leur « destinée manifeste » à
dominer le monde et en particulier le continent américain
(« doctrine Monroe » en 1823, « l’Amérique aux
Américains, l’Europe aux Européens ». Le désir s’appuie sur des
valeurs plus ou moins universelles. Les Européens colonisent le monde au
nom d’une Civilsiation supérieure. Lorsque des pays ou groupes de pays
ont des désirs contradictoires cela se traduit par un conflit,
commercial ou militaire. Après des conflits de longue durée, il peut
arriver qu’une population se détourne de la quête de puissance par des
voies militaires pour préférer d’autres voies, par exemple l’économie et
le commerce. Chacun pense à l’Allemagne et au Japon qui après leur
défaite au terme de la Seconde Guerre mondiale amorcent un rebond par la
voie économique.
Les institutions doivent
mettre en musique avec talent le désir de puissance. Le territoire et
les hommes sont généralement administrés par des institutions, le plus
souvent aujourd’hui un État. La faiblesse des institutions, leurs
contradictions ou leur corruption produisent souvent de l’impuissance.
Le désir nécessite une stratégie pour arriver à ses fins. Une stratégie
est nécessaire pour développer la puissance. Elle impose une analyse de
la situation présente, une réflexion sur les lignes de force des temps
proches et lointains, des choix d’objectifs, l’allocation de moyens et
une mise en œuvre pertinente. Qu’il manque un de ces éléments et la
stratégie échoue, comme le plus souvent. Il faut être clair : avoir
une stratégie ne suffit pas.
Conclusion
La puissance est
concept multiforme, évolutif et complexe qui repose sur des
fondamentaux comme le territoire, les hommes et le désir. Il arrive que
des ruptures technologiques – hier le nucléaire militaire – plus
récemment Internet, redessinent les contours et les moyens de la
puissance. L’avenir reste incertain mais nous pouvons parier que ceux
qui se détournent de la quête de puissance ont toutes les chances de
sortir des premiers rangs.
Copyright Novembre 2013-Verluise/Diploweb.com
Texte adapté au chapitre 1, tableau géopolitique du monde en 1913.
Pour aller plus loins : site Diploweb.com à consulter
dimanche 27 septembre 2020
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Bonne fin de week-end.
Carte : CH 1 : Tableaux géopolitiques du monde en 1913
Empires coloniaux et leurs possessions en 1913
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